À nous, professionnels, l’appellation d’écrivain public ?

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Nommer, c’est faire exister. Une première étape pour parvenir à faire reconnaître la qualité professionnelle de l’écrivain public est peut-être de lui réserver l’usage de son appellation.

Dans La Chartreuse de Parme, le comte Mosca, voyant s’éloigner la voiture qui emporte la Sanseverina et Fabrice, s’écrie : « Si le mot d’amour vient à être prononcé entre eux, je suis perdu. » Que la chose soit nommée, et la voilà faite, dixit Sartre.

Nommer, c’est faire exister. Cela est valable dans tous les domaines. L’exercice d’un métier, s’il n’est pas nommé, n’est pas reconnu. S’il est mal nommé, il ne peut pas être compris. Le nom d’écrivain public, pour un professionnel qui écrit pour autrui, est-il juste et suffisamment évocateur ?

Un médiateur de l’espace public

Le terme d’écrivain est justifié pour un professionnel qui écrit. Écrivain seul ne saurait répondre à la mission d’un écrivain public. Mais le terme public correspond-il à ce métier ? « Dans l’expression écrivain public, l’adjectif fait référence (…) au rôle de médiateur dans l’espace public. (…) La médiation vise à créer ou à restaurer un lien entre un individu qui peine à s’exprimer par écrit, et une société qui, via ses administrations et ses institutions, est régie par l’écrit. »

D’aucuns ont le sentiment, avec écrivain, que l’écrivain public publie des livres. C’est le cas pour certaines missions de biographie que certains écrivains publics exercent. Mais pas pour l’écrivain public qui accompagne les personnes dans leurs démarches administratives. Par ailleurs, si le terme public renvoie à l’administration, il évoque pour certains usagers et clients la notion de gratuité, y compris lorsque le professionnel exerce en libéral. De plus, public évoque l’idée de l’exercice devant un public. On atteint ici la limite de l’évocation de la juxtaposition des deux termes : écrivain et public.

Vers un usage exclusif de l’appellation écrivain public ?

Si la locution écrivain public n’est pas parfaite, elle est néanmoins plutôt bien ancrée dans les consciences – si tant est que l’on connaisse l’existence du métier. En tout état de cause, aucun autre nom ne s’est imposé depuis la disparition du scribe et du copiste.

La question n’est-elle pas, pour les écrivains publics, de s’approprier le nom de leur métier, et d’être les seuls à pouvoir l’utiliser ? N’est-il pas temps de faire la différence, dès le fait de nommer, entre les écrivains publics professionnels, et ceux qui ne le sont pas ? Cette différenciation serait un premier pas vers la reconnaissance du caractère professionnel de l’écrivain public. Une personne non professionnelle, qui assumerait certaines fonctions de l’écrivain public, pourrait être nommée… rédacteur public ? accompagnateur administratif ? bénévole de l’aide aux démarches ?… Le débat est lancé

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