La vérité dans la biographie

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Dans une biographie, faut-il considérer les propos énoncés comme une science exacte, vérité entre toutes ? Bien sûr, puisque c’est celle du racontant. Quitte à écorcher LA vérité ? Pas si simple…

« Je vais vous dire la vérité ». La volonté de raconter tout ou partie de sa vie prend souvent sa source dans le besoin de faire le point. La vérité est le « Caractère de ce qui est vrai » : comme souvent, on se mord la queue avec le Larousse. Le Robert est plus précis. La vérité est la « Connaissance conforme au réel ; son expression » et la « Conformité au sentiment de la réalité ». En évoquant le « sentiment », on se rapproche d’une… « vraie » définition.

LA vérité ou SA vérité ?

Car, ce qui est vrai pour une personne ne l’est pas forcément pour une autre. En matière de sciences expérimentales, la vérité est absolue. Ce n’est pas le cas dans d’autres disciplines. La vérité historique, enseignée aux enfants dès le plus jeune âge, a été écrite par des femmes et des hommes. Ainsi, elle est forcément subjective, d’autant plus que, pendant longtemps, la transmission était orale. Que dire alors de la vérité dans une biographie ?

La vérité n’est pas la même pour tous

La ou plutôt les vérités dépendent des perceptions, sentiments ou opinions de chacun. Une personne gardera un souvenir plaisant de cette journée où la température atteignait 30 °C, une autre un souvenir pénible. À cela s’ajoute l’altération du temps qui passe. Le plus souvent, le biographé raconte son histoire bien après les événements. Sa mémoire a donc filtré les souvenirs. Elle a pu occulter les difficultés, ou au contraire les exacerber. Et quand bien même cette vérité personnelle ne serait pas la vérité ? Elle est tout autant respectable, en ce sens que c’est celle du racontant. « Un énoncé n’a nul besoin d’être scientifique pour être vrai, et il existe des vérités qui se passent de faits, en matière de vie et de sa prise en charge narrative, plus que dans nul autre domaine relevant des sciences ou de l’expérience humaines. »

Le devoir de rectification du biographe

Mais si la vérité personnelle ne correspond pas à LA vérité historique ? La biographie n’est pas un travail de recherche, mais de mémoire personnelle. Le biographé est le commanditaire et, à ce titre, a le droit de tout dire – reste que le biographe est en droit « de refuser d’exécuter toute prestation qu’il considère en contradiction avec ces principes. Il refusera de rédiger (…) tout document destiné à tromper ou à nuire à son destinataire. » En revanche, si le biographé donne une vérité qui va à l’encontre de faits historiques, le biographe a le devoir d’apporter une rectification. Il le fera d’un commun accord après discussion ou, si le biographé maintient ses dires, le biographe ajoutera par exemple une note. Finalement, « À chacun sa vérité ». Dans une biographie, la vérité est au cœur de l’ouvrage, parce que c’est celle de la personne qui la raconte.
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